Salware

SALWARE : lutter contre la contrefaçon des circuits micro-électroniques

Démarré en 2013 et porté par le Laboratoire Hubert Curien1, le projet SALWARE propose aujourd’hui trois pistes technologiques concrètes destinées à protéger la propriété intellectuelle des circuits intégrés, largement soumis à la contrefaçon. Une collaboration initiée avec la start-up Algodone, issue du LIRMM2, devrait valoriser ces travaux.

 

Fléau exacerbé par la mondialisation et l’arrivée d’Internet, la contrefaçon n’épargne plus aucun secteur économique, comme celui de l’industrie micro-électronique : depuis quelques années, les circuits intégrés sont devenus la cible des contrefacteurs. A cause de leur complexité et de leurs coûts de production sans cesse croissants, de nombreuses sociétés du secteur se trouvent dans l’obligation de délocaliser leur production à l’étranger, un phénomène qui accentue encore cette contrefaçon. Entre 2001 et 2011, le nombre de circuits contrefaits saisis par la douane américaine a été multiplié par 700, dont 5,6 millions entre 2007 et 2010. Et on ne compte plus, aux Etats-Unis ou en Europe, les cas de circuits contrefaits décelés dans des applications grand public ou sensibles, telles du matériel militaire ou aéronautique.

 

Au-delà d’une évidente violation du droit de propriété intellectuelle, ces circuits contrefaits portent atteinte au développement des entreprises de l’industrie légale. Les pertes financières et de parts de marché sont énormes : en 2015, le déficit était d’au moins 33 milliards de dollars et leur part estimée entre 7 % et 10 %. Sans compter les conséquences sur la sécurité et la fiabilité des systèmes, ainsi que sur l’image de la marque. Au niveau social, ces contrefaçons sont également responsables d’une baisse de l’activité économique et menacent l’emploi.

 

C’est pour lutter contre le vol, la copie illégale et la contrefaçon des circuits intégrés – enjeu désormais crucial et stratégique pour la France et l’Europe - qu’est né en 2013 le projet SALWARE. Porté par Lilian Bossuet du Laboratoire Hubert Curien (CNRS/Université Jean Monnet/Institut d’optique Graduate School) et financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR) et la Fondation de la recherche pour l’aéronautique et l’espace (FRAE), ce projet vise l’étude (théorique et expérimentale) et la conception de matériels salutaires, difficilement détectables/contournables, insérés dans les circuits intégrés. Ces systèmes matériels ont pour fonction de fournir une information de propriété intellectuelle (marque de propriété, licence d’utilisation…) et/ou d’activer le circuit à distance après sa fabrication et/ou durant son usage. Le but est de protéger efficacement la propriété intellectuelle des industriels de la micro-électronique, de sécuriser la chaine d’approvisionnement des industriels de l’aéronautique et du domaine militaire, et de garantir la qualité et la sécurité des achats du grand public. Les retombées (industrielles, économiques et sociétales) envisagées sont nombreuses.

 

Après trois années de travail, SALWARE débouche aujourd’hui sur trois propositions innovantes : un nouveau système de transmission sans-contact - ultraléger, discret et d’un débit mille fois plus important que celui de l’état de l’art - d’une information de propriété intellectuelle sur le canal électromagnétique ; une nouvelle fonction physique non clonable, plus sûre et permettant l’identification intrinsèque du circuit intégré, à la manière d’une empreinte digitale micro-électronique ; et une méthode de blocage, après fabrication et jusqu’à envoi d’une licence d’utilisation, des circuits intégrés via un algorithme d’analyse de la logique, plus efficace, et s’appliquant à des circuits de quelques centaines à plus d’un million de transistors.

 

L’ensemble des travaux intéresse la start-up montpelliéraine Algodone, issue du Laboratoire d'informatique, de robotique et de microélectronique de Montpellier (LIRMM – CNRS/Université de Montpellier) et spécialisée dans la protection des blocs de propriété intellectuelle, et la gestion des droits numériques et des licences en conception matérielle. Algodone, le LIRMM et l’équipe de Lilian Bossuet entament une collaboration afin de trouver une voie de valorisation à ces travaux, à l’issue du financement du projet fin 2016.

 

1CNRS/Université Jean Monnet/Institut d’optique Graduate School.

2 Laboratoire d'informatique, de robotique et de microélectronique de Montpellier (CNRS/Université de Montpellier).

 

Contact :

Lilian Bossuet / Laboratoire Hubert Curien / lilian.bossuet @ univ-st-etienne.fr